Changements climatiques : vers une augmentation des risques naturels
Crédit photo : Denis Onyodi
Le changement climatique est la principale cause du doublement des catastrophes liées aux aléas naturels dans le monde ces vingt dernières années. L’augmentation de la température de l’air et de l’eau entraîne une élévation du niveau des mers et renforce l’intensité des tempêtes, des vents, des sécheresses et des incendies qui durent plus longtemps, ainsi que des précipitations et des inondations.
Entre 2000 et 2019, plus de 7 300 catastrophes ont été recensées dans le monde, soit deux fois plus qu’entre 1980 et 1999. Ces événements ont causé la mort de plus de 1,2 million de personnes et affecté la moitié de la population mondiale.
Ces chiffres significatifs démontrent non seulement l’impact à grande échelle des catastrophes à travers le monde, mais aussi l’importance de promouvoir une meilleure compréhension des risques de catastrophes afin que des mesures appropriées puissent être prises pour protéger les populations, les infrastructures et les moyens de subsistance.
Enfin, de graves répercussions du changement climatique sur la santé sont déjà observées. Les phénomènes météorologiques extrêmes de plus en plus fréquents, comme les vagues de chaleur, les tempêtes et les inondations provoquent l’émergence ou à la réémergence de maladies infectieuses et donc des épidémies, la perturbation des systèmes alimentaires, mais aussi des problèmes de santé mentale, qui sont déjà constatés. Ainsi, entre 2030 et 2050, on s’attend à ce que le changement climatique entraîne près de 250 000 décès supplémentaires par an.
L’océan Indien au cœur des préoccupations
Le second volet du 6ème rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) consacré à la thématique « Impacts, vulnérabilité et adaptation » met largement en évidence les risques qui pèsent sur les petits États insulaires en développement.
Il estime notamment que l’océan Indien est la troisième région du monde la plus affectée par les événements climatiques extrêmes. Ces phénomènes (cyclone et tempête tropicale, inondation, sécheresse et feu de végétation) devraient gagner en fréquence et en intensité, en particulier pour les îles et les territoires côtiers du Sud-Ouest. À ces risques s’ajoutent les aléas d’origine géologique (mouvement de terrain, éruption volcanique, séisme et tsunami) également présents dans la région. De par leur topographie spécifique et leur position géographique, le Mozambique, la Tanzanie, Madagascar, La Réunion, Maurice, les Seychelles, Mayotte ou encore les Comores sont particulièrement menacés.
Pour aller plus loin
Synthèse des tendances climatiques dans l’océan Indien selon l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS) – Rapport de 2019
Au cours des cinquante dernières années, un réchauffement des températures atmosphériques de 0,6 à 1,1°C selon les endroits, a été observé, ce qui est globalement moins rapide que d’autres régions du monde, notamment celles situées dans l’hémisphère Nord. Sur la même période, le niveau marin s’est élevé dans l’océan Indien de 0,4 à 1,2 mm par an, en dépit d’une variabilité interannuelle marquée (20 à 30 cm) (Rakotobe, 2012). Cette hausse menace déjà certaines zones côtières (érosion) et leurs populations, et provoque une intrusion d’eau salée qui contamine les sources d’eau potable. Un déclin généralisé des précipitations est aussi constaté dans la région, à l’exception des Seychelles.
A horizon 2090, la région devrait connaître une augmentation des températures atmosphériques comprise entre 2,8 et 3,9°C, et qui sera plus importante à l’intérieur des terres que dans les zones côtières (cas du Mozambique par exemple) (McSweeney et al., 2009). Le réchauffement apparaît plus important à Madagascar et sur le continent africain que dans les îles comme la Réunion selon Météo-France à La Réunion. La hausse des températures devrait être plus élevée pendant la saison chaude, augurant des périodes de fortes chaleurs plus fréquentes.
* Pour plus d’informations sur ce sujet, consultez l’article de Météo-France.
L’élévation du niveau de la mer est estimée à 56 cm en 2090 bien que cette dernière soit difficile à prévoir en raison de la forte variabilité interannuelle (Rakotobe, 2012). La variabilité du régime de précipitations devrait également s’accroître, avec un creusement du contraste saisonnier (moins de pluies pendant la sèche, plus de pluies pendant la saison humide). Si on s’attend globalement à une tendance à la baisse des précipitations dans la région, les épisodes pluvieux extrêmes devraient être plus nombreux, ce qui amplifiera les risques et l’intensité des inondations.
Océan le plus prolifique en matière de génération de cyclones, l’océan Indien enregistre près de 9 cyclones par an (COI, 2011a.). Aucune augmentation du nombre de tempêtes tropicales n’est constatée pour le moment, mais la proportion des tempêtes atteignant le stade de cyclones (vents supérieurs à 165 km/h) est en hausse depuis 1975. D’ici la fin du siècle, l’intensité des cyclones devrait continuer de s’accroître, mais leur fréquence pourrait décroître. Un élargissement de la zone d’impact cyclonique vers le Nord est attendu, atteignant des régions jusqu’à présent épargnées (Seychelles, Nord de Madagascar) (COI, 2011b.)
* Retrouver le rapport complet de l’IRIS ici.