La tempête tropicale MATTHEW, formée le 28 septembre 2016 s’est renforcée pour devenir, deux jours plus tard, un ouragan de catégorie 5, soit l’un des plus violents à toucher les Caraïbes depuis 2007. Avec une vitesse de déplacement à 17km/h, de fortes averses et des rafales allant jusqu’à 240km/h, MATTHEW s’est abattu sur Haïti le 4 octobre dernier, laissant derrière lui un lourd bilan humain et matériel.


La tempête tropicale MATTHEW, formée le 28 septembre 2016 s’est renforcée pour devenir, deux jours plus tard, un ouragan de catégorie 5, soit l’un des plus violents à toucher les Caraïbes depuis 2007. Avec une vitesse de déplacement à 17km/h, de fortes averses et des rafales allant jusqu’à 240km/h, MATTHEW s’est abattu sur Haïti le 4 octobre dernier, laissant derrière lui un lourd bilan humain et matériel.

Vendredi 14 octobre, le dernier bilan de la protection civile haïtienne faisait état de 546 personnes tuées par l’ouragan, tandis qu’un autre bilan, fourni par Reuters, estimait à plus de 1000 le nombre de victimes. Les départements situés à la pointe sud-ouest d’Haïti ont été les plus affectés par l’ouragan : 80% des bâtiments de Jérémie, le chef-lieu du département méridional de Grande Anse (comptant 30 000 habitants) ont été rasés ainsi que la majorité des récoltes. Cayes, la troisième ville du pays, a été largement inondée, privant des milliers d’habitants d’électricité, de téléphone et d’eau potable.

Selon OCHA, plus de 750 000 personnes ont besoin d’une assistance humanitaire suite au passage de l’ouragan. Les principaux besoins des populations à court terme se concentrent sur les abris, l’eau potable, la nourriture et la santé. Par ailleurs, les fortes pluies et les inondations causées car le passage de MATTHEW font craindre une recrudescence de l’épidémie de choléra, maladie devenue chronique dans le pays suite au tremblement de terre de 2010.

Le Mouvement international de la Croix-Rouge est fortement déployé en Haïti. Ainsi, une dizaine de Sociétés nationales sont présentes dans le pays aux côtés de la Croix-Rouge Haïtienne. Plus de 3 000 volontaires de la Croix-Rouge haïtienne sont mobilisés pour participer aux missions d’évaluation, de sensibilisation, d’évacuation et de soutien aux populations dans le sud du pays. La Fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge de son côté a lancé un appel de 6,8 Millions de Francs suisses.

La Croix-Rouge française a déployé depuis le 10 octobre, une équipe sur l’île de la Gonâve, sévèrement touchée par les inondations. Des actions dans les domaines de l’eau et assainissement, ainsi que de la prévention et de la réponse à l’épidémie de choléra sont mises en place. La Plateforme d’Intervention Régionale pour la zone Amériques et Caraïbes (PIRAC) a détaché sur place son coordinateur des urgences et 24 tonnes de matériel humanitaire, principalement des kits abris, kits cuisine et kits nettoyage ont été déployés le 14 octobre.

Par ailleurs, la Croix-Rouge française renforce ses actions de prévention et de lutte contre le choléra. Les inondations provoquées par l’ouragan Matthew font craindre de nouvelles flambées de la maladie sur les zones affectées et au-delà.

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C’est l’une des incidences du passage de l’ouragan Matthew sur la pointe sud-ouest d’Haïti : la reprise de l’épidémie de choléra. Les inondations provoquées par l’ouragan ont engendré la contamination des sources d’eau potable.

La situation est dramatique dans la ville de Jérémie, particulièrement dévastée, et globalement sur la pointe sud-ouest du pays. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) signale déjà 148 nouveaux cas dans le département de Grande Anse et 53 nouveaux cas dans le Sud. Mais le choléra s’étend aussi à d’autres territoires, notamment en Artibonite où 28 personnes seraient contaminées à ce jour (12 octobre 2016), selon un bilan sans doute provisoire.

L’OMS a envoyé un million de doses de vaccin anti-choléra en Haïti, ce qui confirme les craintes quant à l’apparition de nouvelles flambées de la maladie. Le choléra, apparu en octobre 2010, soit neuf mois après le séisme, a pu être contenu mais pas éradiqué. La maladie reste endémique en Haïti. Ainsi, depuis le début de l’année, plus de 14 000 nouveaux cas ont été recensés.

« Après le passage de l’ouragan, les risques de nouvelles flambées sont particulièrement accrus. Nous craignons que les centres de traitement étatiques ne puissent faire face seuls à l’afflux de patients, explique Marc Biver, chef de la délégation Croix-Rouge française en Haïti. » Une nouvelle course contre la montre commence donc.
La Croix-Rouge française se concentre sur les zones où elle mène depuis des années – et encore plus depuis le séisme de 2010 – des projets de développement : le bas-Artibonite, d’où est partie l’épidémie en 2010 (8 700 morts), la zone métropolitaine de Port-au-Prince et les zones rurales alentours.

Nos équipes poursuivent à l’heure actuelle les évaluations des besoins et dans le même temps renforcent les moyens de lutte contre le choléra ; ils participent à la chloration et la sécurisation des points d’eau, aux investigations lorsque de nouvelles flambées sont signalées, et aux actions de prévention et de sensibilisation communautaire. « La sensibilisation des populations et le respect de règles d’hygiène strictes sont les armes principales pour empêcher la propagation de l’épidémie », confirme Marc Biver.

(Afin de fournir une réponse efficace et de qualité aux populations haïtiennes, la Croix-Rouge française a lancé [un appel aux dons )]

croix-rouge-francaise-haiti-octobre-2016-m.jpgrecrudescence-du-cholera-en-haiti_slideshow.jpg

Alors que les Antilles sont particulièrement vulnérables aux ouragans, dans l’océan Indien, ces systèmes extrêmes appelés « cyclones » sont également surveillés de près par les services météorologiques. Au cours des dix dernières années, plus de dix millions de personnes ont été affectées par des catastrophes naturelles dans la zone Sud-ouest de l’océan Indien, une très grande partie de ces aléas extrêmes étaient des cyclones.

Les évènements climatiques d’intensité extrême tels que l’a connu Haïti la semaine dernière ne sont donc pas étrangers à notre région. En avril dernier, un super cyclone baptisé FANTALA s’est formé dans l’océan Indien. Considéré comme le cyclone le plus intense dans la région depuis 1960, il a atteint la catégorie 5 avec des vents soufflant à 240km/h et des rafales à 350km/h. Par chance, aucune zone densément peuplée ne s’est trouvée sur la trajectoire de FANTALA et ses conséquences ont été très limitées. Toutefois, ce phénomène exceptionnel pourrait se reproduire et causer des dégâts considérables si sa trajectoire venait à traverser l’une des îles de l’océan Indien.

Depuis toujours, les variations des phénomènes El Niño et la Niña entraînent des anomalies de températures des océans, pouvant conduire à la formation de cyclones. L’état des connaissances scientifiques actuelles ne permet pas de dire si le réchauffement de la planète augmente la fréquences des cyclones, des modèles scientifiques observent même davantage une tendance à la diminution du nombre global de cyclones dans le climat futur, mais comme le précise Fabrice Chauvin, chercheur au Centre national de recherches météorologiques« dans le même temps, on s’attend à une hausse des cyclones les plus intenses […]. On devrait aller vers des phénomènes plus puissants, associés à des pluies plus intenses d’environ 20% supérieures.»

L’intensité du super cyclone FANTALA et les dégâts humains et matériels causés par l’ouragan MATTHEW illustrent la vulnérabilité des populations côtières à travers le monde face au risque cyclonique et démontrent, s’il en était encore besoin, l’importance des actions de Réduction des Risques de Catastrophes. Ces activités, visant à sensibiliser les populations face aux risques et à les soutenir dans la mise en place de mesures d’adaptation et de mitigation, jouent un rôle fondamental dans la protection des populations.