La Croix-Rouge française-PIROI et son partenaire le Croissant-Rouge Comorien ont sollicité Ramboll afin d’analyser la faisabilité du développement de systèmes communautaires d’alerte précoce (SCAP) en Union des Comores. Cette étude rend compte du fonctionnement des systèmes d’alerte précoce cycloniques et dédiés aux inondations, décentralisés jusqu’au niveau communautaire.

Les inégalités socio-spatiales en matière de risques de catastrophes ont été analysées, ainsi que les connaissances, attitudes et pratiques différenciées au sein de populations. Les enjeux auxquels sont confrontées les agences prévisionnistes et les organisations de gestion des risques de catastrophes ont aussi été appréhendés, puisque les acteurs locaux dépendent en partie des capacités institutionnelles d’alertes et d’actions précoces.

  • Les risques naturels en Union des Comores

Crédit photo : Louis WITTER

Face aux vents de plus de 150km/h, les maisons n’ont pas tenues le coup | Moroni, Grande-Comore, Comores, jeudi 25 avril 2019.

Crédit photo : Comores Infos

La digue de Fomboni aux Comores a cédé face à la violence du cyclone Kenneth.

 Les catastrophes liées aux événements climatiques extrêmes affectent de manière disproportionnée les populations vulnérables économiquement et socialement. Cette réalité s’accentue dans les îles confrontées aux systèmes dépressionnaires, inondations, élévation du niveau de la mer et sécheresses prolongées.

Selon le rapport du GIEC en 2011, environ 600 millions de personnes vivent dans des zones côtières exposées au risque de submersion côtière en raison de la montée du niveau de la mer. Aux Comores, membres des Petits États insulaires en développement (PEID), ces risques sont particulièrement préoccupants. En avril 2019, le cyclone Kenneth a dévasté le pays, détruisant des milliers d’habitations et affectant 345 000 personnes.

Les capacités d’alerte précoce et d’intervention rapide (EWEA) sont centrales dans le dispositif de préparation et de réponse d’urgence de l’Union des Comores. Néanmoins, des lacunes persistent malgré les efforts des agences prévisionnistes et de gestion des risques de catastrophes. C’est l’une des conclusions de la nouvelle étude de la PIROI : la faisabilité du développement de systèmes communautaires d’alerte précoce (SCAP) en Union des Comores.

Un système d’alerte précoce (SCAP) est une infrastructure et un processus conçu pour détecter, évaluer et communiquer rapidement et efficacement les menaces imminentes liées à des événements dangereux ou catastrophiques, tels que des tempêtes, des inondations, des séismes ou des éruptions volcaniques.

Les SCAP visent à réduire les pertes humaines et matérielles en informant les populations concernées, les autorités locales et les organisations humanitaires suffisamment tôt pour leur permettre de prendre des mesures préventives ou d’évacuation.

Ces systèmes intègrent des données météorologiques, des capteurs, des réseaux de communication et des mécanismes de diffusion d’alertes pour maximiser leur efficacité dans la réduction des risques liés aux catastrophes naturelles.

  • Le système d’alerte précoce en Union des Comores

Les niveaux régionaux, communaux et communautaires du système d’alerte précoce cyclonique sont défaillants. S’agissant des inondations par exemple, les modélisations hydrologiques, les équipements de surveillance et les capacités de monitoring font défaut, particulièrement à Anjouan et Mohéli.

Les Comores ont connu une évolution importante de leur système national de gestion des risques de catastrophes depuis 2011, notamment avec le transfert des compétences en état civil vers les communes. Cela a renforcé le rôle des organisations communautaires dans l’élaboration de la stratégie nationale de réduction des risques de catastrophes (SNRRC 2014-2019) et son plan d’action. Ces plans comprennent des axes majeurs comme le renforcement des capacités communautaires, la promotion de la résilience communautaire et le développement des connaissances et des systèmes d’information. Il faut aussi  reconnaître le potentiel des acteurs communautaires dans la prévision des risques et régionaliser davantage les plans nationaux pour mieux gérer les risques locaux de moindre ampleur.

 

Accédez au rapport complet ici.

Crédit photo : Marion JOLY | Croissant-Rouge Comorien

Les populations enquêtées au sein des trois îles ont une connaissance limitée des aléas naturels. Approximativement 7 personnes sur 10 sont en mesure de citer au moins un facteur annonciateur de cyclones (contre 8 sur 10 à propos des inondations). En conséquence, peu de vigilance est déployée par la population.

  • Plusieurs mesures prises au niveau à la fois national et local permettraient le développement de SCAP cycloniques, et s’appuieraient sur la révision en cours de la SNRRC, du PNC et de la loi sur la gestion des risques de catastrophes en cours de développement.
  • Deux solutions consistant à améliorer les capacités de prévisions des inondations sont proposées et développées dans le rapport, pour permettre aux « SCAP inondation » de fonctionner :
  1. Le développement des méthodes de surveillance relevant de l’observation participative d’outils dits « low cost low tech » puisqu’à faibles intrants technologiques (échelles limnométriques installées et observées dans le lit mineur de cours d’eau permanents/saisonniers);
  2. La conduite d’analyses de bassins versants prioritaires (modélisations hydrologiques) et l’installation de micro-stations hydrométéorologiques.

Il est aussi recommandé de redynamiser les comités dits « locaux », aux côtés des DRSC, conformément au Plan de Contingence National (PCN).

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